Jeudi 30 mars 2023
10h00 - 17h30
Universität / Haute École
for student applications
TOOLBOX
Journée d’étude et de mise en pratique autour de l'écopédagogie
Curation et animation: Axelle Grégoire (à la invitation du collectif microsillons, master TRANS– Pratiques artistiques socialement engagées, HEAD-Genève)
A partir d’une invitation du collectif microsillons à s’interroger sur l’écopédagogie, cette journée d’étude s’articule à travers une réflexion sur nos outils pour pouvoir réfléchir aux impacts de l’entrée dans l’ère de l’Anthropocène sur la pratique de conception. Script ré-initialisé, l’Anthropocène cadre nos récits et caractérise le contexte de conception de l’objet et de l’espace autant qu’il permet une réécriture des notions de liberté, de confort, de travail, de communs.
Je suis donc reparti de ma réponse à la question que microsillons m’avait posée pour leur projet “Communes évidences” : A quels sujets, outils ou tactiques devrions-nous urgemment nous éduquer pour réimaginer le monde en commun ?
« Nos outils de représentation induisent une vision du monde qui va conditionner nos actions sur celui-ci. Nous avons besoin de représentations nouvelles et partagées de ce que signifie « habiter la Terre aujourd’hui, habiter parmi les vivants ». La cartographie, comme outil de relecture, de réécriture et d’action, peut nous aider dans cette opération de redéfinition collective de notre écosystème d'amarrage. Déjouer le caractère lissant de la cartographie, révéler l’invisible grâce à des nouvelles lentilles optiques, faire cohabiter différentes visions du monde, intégrer la diversité des agents actifs du territoire, réfléchir collectivement à notre sol commun sont autant étapes dans cette contre-conquête spatiale. »
Pour déployer cette notion d’écopédagogie, nous déploierons trois axes qui sont aussi trois leviers pour ce rééquipement : le change-ment d’échelle que nous offre les entités géographiques, le recours à la fiction et le hors-temps du jeu. Ces trois axes sont comme trois espaces-laboratoires pour cette réécriture de notre /nos relations au monde.
Les notions d’imaginaire et de narration sont donc au centre de cette réflexion, c’est pourquoi cette journée propose de mettre à l’honneur les textes, en prenant le temps de les entendre ensemble, de les lire à haute voix. En écho à ces paroles, s’ouvrira dans la deuxième partie de journée, un atelier où il s’agira pour les étudiants de suivre un court protocole autour d’une expédition fictionnelle.
Matinée en plénière :10-13H
10-10H30 : Mots d’introduction et présentation du programme
Présentation de la démarche S.O.C et du projet Terra Forma Comment se « rééquiper » (au sens de B. Latour) pour le temps qui vient ?
10H20 : Lecture introductive : Lara Khattabi 10 mins
Axe 1 : Paysage vivant
10H30-11H30
Dans le dictionnaire (CNRTL), un fleuve est « un cours d’eau important, généralement caractérisé par une très grande longueur et largeur, un débit abondant, des affluents nombreux, et qui se jette le plus souvent dans la mer ». Dans l’espace du cartographe, du paysagiste, du philosophe ou du romancier, c’est une ligne qui charrie des récits, des objets, des mémoires. Une ligne qui s’épaissit au fur et à mesure que s’y agrippe une multitude de formes de vie qui mettent en crise les « cadres » qui régissent aujourd’hui nos sociétés et nos milieux. Suivre les lignes de paysages ouvre, en effet, des itinéraires exploratoires où se rencontrent différents types d’organismes, d’activités, de représentations et d’imaginaires qui recompose notre géographie mentale. Penser à l’échelle du paysage, c’est donc libérer les voix mis en sourdine et prendre le risque de faire entendre d’autres récits.
L’exemple de la Loire
Invité : Camille De Toledo (écrivain)
Le fleuve qui voulait écrire, les auditions du Parlement de la Loire. En visio : 40 mins + questions
11H25 : Lecture d’extraits – Lara Khattabi 5 mins
Axe 2 : Fiction et nouvelles agentivités
11H30-12h30
« Crise », « temps incertains », « trouble » (Harraway), « ruines » (Tsing) sont parmi les exemples de définition et de qualification de notre temps. Face à cette incertitude du temps présent, l’espace de l’imagination reste un terrain de modélisation et d’expérience pour penser et écrire les futurs possibles. La fiction devient alors un outil
pour la prospective et la conception mais aussi un outil d’enquête et de connaissances pour observer les milieux de vie en crise et la complexité des relations entre habitants humains et non-humains (parfois étendu dans le cas de la science-fiction au non-humain extraterrestre). L’espace de la fiction permet la problématisation de notre relation au vivant dans une perspective temporelle et de manière incarnée.
11H35 : Lecture d’extraits – Lara Khattabi 5 mins
L’aventure du Comité de Science-fiction (A-C Prévot CNRS-MNHN)
Projet participatif et interdisciplinaire pour imaginer des chemins transformatifs, il invite à imaginer, par l’art, des mondes futurs pour explorer la soutenabilité du monde actuel et poser des questions de recherche. Il aménage des espaces et des temps d’échanges où se réunissent scientifiques, artistes, étudiants et étudiantes afin que ces derniers et dernières créent des œuvres de science-fiction autour d’un thème choisi.
11h45 - Invité: Laurent Kloetzer (écrivain)
Retour sur le CSF et le livre des protokools. 30 mins + questions
12h20 : Lecture d’extraits – Lara Khattabi 10 mins
Axe 3 : Jeu et socialités en gestation
12h30-13H00
L’omniprésence du jeu dans notre société est le signe que nous sommes en train d’expérimenter différents types de formes de vie qui sont autant de réponses, selon les points de vue, à la fin du monde ou à la fin des grands récits. Le jeu devient donc un objet transitionnel, un moyen de se détacher/rattacher de manière renou- velée au monde, une scène pour expérimenter des situations ou des dispositifs sociaux.
Invité : Aurélien Fouillet (Sociologue de l’imaginaire, chercheur au CRD- ENSCI)
Playtime, prélude aux Ontonautes
30 mins + questions
13h00 : Lecture d’extraits – Lara Khattabi 5 mins
Pause : soupe conviviale
Après-midi d’atelier en groupe :14-17H
en compagnie d’Aurélien Fouillet.
La deuxième partie de cette journée se fera en sous-groupe de 10 étudiants.
Chacun des étudiant.e.s se verra confier un objet (issu de l’histoire des sciences ou de l’histoire du Design) et une vidéo ou un extrait de texte (qui ouvre une question à partir du travail d’un.e designer ou chercheur.se contemporain.e). Cette série d’objets permet de capter, de mesurer, d’enregistrer, de modéliser ou de mettre en scène des données sur l’environnement.
Mais quelles données? quelles images? Et pour quoi faire?
Alors que les référentiels de temps, d’espace, d’échelle sont désor- mais bouleversés par les différents phénomènes que nous vivons, ces instruments portent en eux un mode de lecture du monde propre à leur temps. Retravailler à partir de ces outils-dispositif, c’est donc se poser la question d’un possible espace de réécriture pour réfléchir à d’autres manières d’« appeler le monde ».
A quoi pourrait servir désormais la mesure du monde ? De quel objet-outil aurions-nous besoin ? C’est à cette question que les étudiants seront invités à répondre, pour construire et imaginer ensemble une boîte à outils pour l’action.