20-23 avril 2010
10h-18h
Bd. Helvétique 9
1205 Genève
workshop en français
Universität / Haute École
for student applications
Archivages d‘après la catastrophe.
Argument
Au début du mois de mars 2009, le bâtiment des archives municipales de Cologne en Allemagne s’effondrait brutalement. La vive émotion et les diverses initiatives que cet événement souleva en Europe à travers la presse tenaient à la fois à la mort d’une personne dans l’effondrement spectaculaire de cette construction des années 70, mais surtout à la perte de plusieurs milliers de documents du patrimoine européen. Le journal britannique The Times en date du 5 mars 2009 titrait par exemple : « The city without a memory: treasures lost under collapsed Cologne archives ». Les archives municipales les plus importantes au Nord des Alpes avec 26 kilomètres linéaires comptaient pas moins de 65 000 documents originaux depuis l’an 922, 104 000 cartes, 50 000 affiches et près de 500 000 photographies sur la vie à Cologne. La presse insista aussi beaucoup sur le fait que ce centre avait acquis quelques semaines auparavant des manuscrits et papiers du prix Nobel de littérature Heinrich Böll (1917-1985). De cette acquisition de près de 6400 pièces pour un coût de 800 000 Euro, il ne restait rien, comme de la collection des travaux du musicien Offenbach ou des chartes médiévales.
Quelques mois plus tard, en septembre 2009, survient une autre catastrophe d’archives. Cette fois, c’est par le feu. A Lausanne, 50 000 cartons d'archives brûlent*. Il s’agit d’archives privées, celles de sociétés industrielles, confiées pour leur conservation à une société spécialisée dans cette tâche, l'entreprise Secur-archiv. Stockées sur 2000 m2, ces milliers de documents furent totalement détruits, soit brûlés soit noyés.
Enfouie, incendiée ou inondée, il arrive donc que l’archive disparaisse.
Le workshop partira de cette disparition. Nous nous placerons dans cette situation post-catastrophe. Il n’y a plus d’archives ni nationales, ni régionales ni municipales.
Condition de participation : chaque participant viendra avec un ensemble de documents (lettres, journal, album, fichier, K7, etc.…) qu’il aura collecté au préalable estimant qu’ils doivent être conservés au sein de notre fond post-catastrophe.
Déroulement : chaque demie-journée sera consacrée à une étape de l’acte d’archiver et partagée entre exposé de l’intervenants et recherches individuelles et collectives.
Au terme de l’atelier, l’ensemble de la chaîne d’archivage sera restitué autour de notre nouveau fond.
*Tribune de Genève : « Lausanne: le local d'archives en feu s'effondre sous la chaleur » Laurent Antonoff / Sylvain Muller / Rédaction online | 25.09.2009 | 20:2
Philippe Artières, historien, chargé de recherches au CNRS (Lahic-UMR 2558), est président du Centre Michel Foucault, ancien rapporteur du Conseil National du Sida et docteur en Histoire de l’Université Denis-Diderot-Paris 7.
Philippe Artières développe depuis quinze ans une série de recherches diverses dont une histoire des écritures ordinaires au dix-neuvième et vingtième siècles qui en constitue l’axe central. Prenant à rebours les thèses de l’écriture comme pratique de libération, il a montré combien cette pratique participait d’un savoir-pouvoir, qui loin d’interdire, suscitait de l’écrit. Utilisant les travaux de Michel Foucault, il a ainsi analysé les dispositifs de mise en écriture des individus mais également les modes de résistance à ces injonctions. Ses recherches croisent ainsi des disciplines différentes de la philosophie à la littérature mais également l’anthropologie criminelle. Philippe Artières mène parallèlement à ces chantiers historiques une réflexion sur les archives et leurs fonctions sociales dans nos sociétés contemporaines ; ces recherches s’accompagnent d’un travail d’édition d’archives.